Niaiseries

J'ai vomi sur mon clavier. J'ai ramené à Bordeaux ces petits objets que l'on transporte dans des boites roulantes, pourvu que ça s'empile, pourvu que ça gagne en place, pourvu qu'on soit rentable.

C'est une drôle de sensation que de parler et d'entendre l'écho de la voix de mille personnes dans ses propos. "Human centipede", finalement, génération après génération nous en sommes réduit à ça. Un prolongement sans fin, la perpétuation de l'espèce, ça grouille, ça fourmille, ça fornique et ça s'amplifie. Pour finir dans les mêmes boites que celles que l'on transporte jour après jour, pour rouler de la même manière dont les objets que nous créons roulent. Création, créer, être créatif... Un amas inutile de choses un peu belles, de choses un peu moches, d'aucun diront que personne ne peut juger ces choses-là.

Empoisonnons-nous, consommons plus que de raison, remplissons nos vaisseaux sanguins d'alcool, de sucre, de graisse; pourrissez-vous de l'intérieur, rendez-vous laids, rendons-nous serviles, dociles, des yeux immenses qui ne voient rien, qui au fond n'ont plus aucune étincelle.

Je vomi et j'absorbe, comme tant d'autre oui, je vomi et j'absorbe comme des milliers de personnes avant moi et comme des milliards après moi. Je n'ai même plus de cibles, je n'ai même plus de grief, je n'ai plus rien, plus rien qu'un corps malade et qu'un esprit désespérément trop sain, trop productif. Mais qu'importe. Les pas de danse seront les miens, je ferais la chorégraphie avec grâce, j'exécuterai les ordres, je répondrai poliment, je poserai des questions.